Zoom sur... #4

La crise sanitaire n'a pas eu raison du moral et de l'inventivité des équipes techniques, administratives et artistiques de l'Opéra-Théâtre. Lever de rideau sur une ingéniosité sans faille… et essentielle.

On sait à quel point la saison de l'Opéra-Théâtre a été, et reste, très perturbée par la crise sanitaire. Annulation de spectacles de la saison 2019/20 dès le mois de mars dernier. Relance de la machine fin septembre avec l'opéra de Verdi Giovanna d'Arco. Nouvelle fermeture fin octobre lors du reconfinement. Puis reprogrammation des spectacles lorsque le gouvernement annonce pour le 15 décembre la réouverture des lieux culturels, qui finalement devront rester fermés…  On imagine le casse-tête.

Et pourtant la grande maison tient bon, s'adapte, se réorganise, trouve des solutions. Notamment des solutions techniques, afin d'assurer la sécurité du public et des artistes. « À la rentrée, au moment de la réouverture, les équipes d'accueil ont fait en sorte que les gestes barrières – distanciation, port du masque, etc. - puissent être respectés. Même enjeu pour les équipes techniques et artistiques, qui représentaient une centaine de personnes sur le plateau et dans le nouveau dispositif de fosse de Giovanna d'Arco, musiciens et techniciens compris », relate Paul-Émile Fourny, Directeur de l'Opéra-Théâtre.

Coup de projecteur sur les techniciens

Pour placer l'orchestre, traditionnellement installé dans la fosse lors des  spectacles lyriques, on se livre tout d'abord à un exercice d'arithmétique. «  Sachant que, pour respecter le protocole sanitaire, chaque musicien doit disposer de 1,5 à 2, 50 m², voire plus selon son instrument, la seule solution fut d'agrandir l'espace, explique le Directeur. Nous avons démonté 5 rangées de fauteuils dans la salle (soit l'équivalent d'une centaine de places). Il a fallu toute l'ingéniosité et la réactivité de nos techniciens (une quinzaine de personnes) pour répondre à cette situation inédite. » Et d'adresser un coup de chapeau particulier à Sébastien Houpert, adjoint au chef machiniste, qui a mis à profit son savoir-faire de menuisier charpentier pour adapter le plateau et aménager la fosse.

Côté acoustique, le bois permet de garder un son homogène. Mais encore faut-il que tous les musiciens s'entendent et voient le chef d'orchestre, qui, dans cette nouvelle configuration, se retrouve dans la salle avec les instrumentistes à cordes.

Le Directeur musical mène sa phalange depuis un nouveau praticable fabriqué maison, et qui intègre une compensation de la pente de la salle. Huit moniteurs (écrans) et des micros permettent aux bois, aux cuivres et aux percussions restés dans la fosse d'origine d'avoir un retour son et vidéo.

Le dispositif validé par le CHSCT de l'orchestre est testé une première fois, puis approuvé par le chef et les musiciens. « Tout cela a été mis en place en un temps record, mesure Paul-Émile Fourny. Le public a pu apprécier. On vit un peu au jour le jour, mais les techniciens, comme l'ensemble du personnel de l'Opéra-Théâtre, l'administration, les artistes, etc. sont très impliqués, très combatifs. Au sein de la grande famille métropolitaine, toute la maison continue à travailler pour que les spectacles puissent avoir lieu. »

Des captations et des retransmissions de spectacles (notamment Madama Butterfly) sont envisagées prochainement, mais l'Opéra-Théâtre est impatient de retrouver le public. « Notre but est le lever de rideau, tous nos vœux vont vers une "année essentielle" ! » conclut le Directeur.